Limiter la mortalité de la faune sauvage pendant les fauches des prairies avec différentes techniques et technologies
Depuis de nombreuses années, nous constatons une mortalité importante de nombreuses espèces (Mammifères, Oiseaux) pendant la période de fauchage des prairies. Cela s’explique notamment par des dates de fauches de plus en plus précoces dues au réchauffement climatique et à la modernisation des pratiques agricoles. Face à ce constat, les Fédérations Départementales des Chasseurs du Doubs, du Jura, de la Nièvre, de la Haute-Saône, du Territoire de Belfort et la Fédération Régionale des Chasseurs de Bourgogne-Franche-Comté se sont mobilisées dès 2020 dans un projet régional visant à limiter les mortalités de faune sauvage liée au machinisme agricole.
En matière d’effarouchement des faons et chevrettes, des actions simples sont également conduites, avec pose de rubalises, fladry et de lampes (FDC39) selon le protocole élaboré en lien avec le canton de Fribourg (Suisse). 60 à 100 ha sont concernés chaque année.
Un autre système est expérimenté dans la Nièvre avec l’incitation à utiliser des barres d’effarouchement agricoles. Ce n’est pas moins de 4 barres qui ont été acquises au cours du projet par la FDC et prêté aux agriculteurs. La FDC 58 en parallèle, incite les agriculteurs à s’équiper eux-mêmes via une indemnisation partielle (1 achat de barre indemnisé à ce jour).
En matière de détection de la faune sauvage par drone, les FDC de Franche-Comté se sont dotées de drone en 2020, et ont formé du personnel à leurs utilisation afin de déployer largement sur leur département. Les détections sont réalisées avec des bénévoles formés et permettent selon les cas la fuite des faons, leur évacuation en dehors de la parcelle ou leur cantonnement temporaire sous une caisse munie d’un fanion évitant la fauche, avant leur libération. Dans ce dernier cas de capture, après abstention d’une autorisation préfectorale, les FDC pèsent et sexent les animaux avant de les boucler. Cette mesure permet de capitaliser des informations sur les faons sujets à la fauche et de suivre les faons afin de connaitre leur taux de survie. En parallèle, les FDC réalisent des sorties drones également sur l’avifaune en vu de préserver les nichées entre autres de courlis, vanneau… Dans le Jura, cette action est assortie de contractualisations d’indemnisation avec les exploitants acceptant la préservation de bandes refuges, ou le retard de fauche ou de culture sous forment de « contrat flash ».
A ce jour, pour cette année 2022 :
- Des actions simples d’effarouchement ont été réalisé sur 17 parcelles sur 9 exploitations, concernant 92ha (presque le double de l’année 2021).
- 75 opérations de détection ont été mené sur 81 communes avec l’aide de 294 bénévoles pour une surface de détection de 1192.5 ha (soit 38% de surfaces supplémentaires depuis 2021). 83 faons ont été détecté, une moitié des faons plus mobiles a pu fuir seule, l’autre moitié a été protégé dans une caisse aérée lors de la fauche puis relâché. 14 faons ont même pu être bouclés dans un objectif de suivi, pesés et sexés.
- Lors de ses opérations, ont pu également être détectés 218 animaux de 25 espèces différentes : 83 chevreuils adultes, 47 lièvres, 8 renards, 10 faisans, 5 chats forestiers, 6 alouettes, 1faon de biche, 1 caille…
- Sur les 75 opérations, 13 ont été à des secteurs à enjeux avi-faunistique : 3 nids de vanneaux huppés ont pu être détecté, protégés par une jachère de 1.5ha pour 2 d’entre eux et éviter par l’agriculteur pour le 3eme, et un nid de coulis cendré préservé de la fauche sur 0.5 ha. 1 bécassine a également été détectée ainsi qu’une alouette des champs.
Par ailleurs depuis 2021, les FDC de Franche-Comté ont sollicité l’appui d’un prestataire scientifique spécialisé en suivi de faune sauvage afin de les accompagner dans l’élaboration d’une typologie des parcelles à risque de fauche de faune sauvage. Dans ce cadre, des protocoles de survol des parcelles avec les drones et de collecte de données de terrain ont été établis. La FDC 57 qui a récemment acquis un drone participe également à la collecte de données de terrain.
Enfin ce projet s’inscrit dans la continuité des expérimentations de nouvelles technologies visant à prévenir la mortalité accidentelle agricole de la faune sauvage (Agrifaune GTNA Machinisme, expérimentation drone en Suisse), et dans le cadre des réalisations des FDC en faveur des biotopes, les chasseurs contribuant au maintien, à la restauration et à la gestion équilibrée des écosystèmes en vue de la préservation de la biodiversité. Ce projet bénéficie du soutien financier de l’Office Français de la Biodiversité et de la Fédération Nationale des Chasseurs, dans le cadre du dispositif « écocontribution ». Il est mis en œuvre grâce à la mobilisation d’agriculteurs et de bénévoles motivés.